
L'espace d'un instant,
l'espace d'un instant seulement,
j'ai cru que mon corps était univers.
Que cet amas de chairs et d'os aux désirs électriques,
aux douleurs d'hémoglobine, était autre chose de bien plus vaste.
L'espace d'un instant, une sensation étrange, comme si chaque
élément qui me composait n'était pas uniquement destiné
au fonctionnement de l'ensemble.
Un instant si court, mais si réel, où je me suis senti uni, uni vers...
Chaque molécule une galaxie, chaque atome un système solaire,
chaque électron une planète et les soleils, les soleils...!!!!
Des milliards de noyaux, danse infinie de protons et de neutrons
à l'énergie inépuisable, des milliards de noyaux solaires
animaient mon corps lumière.
Un instant j'ai compris !
J'ai compris le Tout, le rien, le plein et le vide,
l'homme et l'univers, la vie, la mort, l'absolu et le néant.
Un instant j'ai compris et puis...j'ai oublié.
Et me voici, bipède maladroit, contraint de regarder le monde
depuis sa faible hauteur, contraint de vivre avec ses certitudes,
contraint de vivre avec cette certitude :
Un instant j'ai su et puis....j'ai oublié...